Lorsque l’on travaille pour une organisation dont les bureaux sont situés dans une ville ou il y a télévision, électricité, automobiles et produits importés, il est difficile de se faire une réalité sur les gens pour lesquels nous travaillons. De plus, dû aux objectifs de mon travail où je renforce les compétences des employés, il devient nébuleux de voir l’impact d’un tel travail sur la qualité de service (ou de vie) du paysan.
Figure SEQ Figure \* ARABIC 1. Sur le chemin de Méné |
Pour palier à ce risque flagrant de s’écarter du véritable bénéficiaire de mes interventions, Ingénieurs Sans Frontière a une politique peu répandu à travers les ONGs : tout volontaire long-terme doit passer durant son placement d’un an au moins 14 jours dans un village. L’idée est d’augmenter sa compréhension de l’organisation d’un tel environnement et de mieux intégrer dans ses interventions les réalités de ce milieu complexe.
![pc290013 Sur la route de Méné.](https://visiondumonde.wordpress.com/wp-content/uploads/2009/02/pc290013.jpg?w=500&h=375)
Sur la route de Méné.
Je suis donc parti par un beau dimanche venteux et poussiéreux (les deux vont de paires ici) vers un village situé à 60km de la ville et ce en empruntant des routes et des sentiers. Au bout du chemin je suis arrivé à Méné, bourgade de taille modeste, dépourvue d’électricité, d’eau courante, mais par-dessus tout, dépourvue de stress.
Figure SEQ Figure \* ARABIC 2 Arouna lors d’une activité CEF |
![arouna Arouna](https://visiondumonde.wordpress.com/wp-content/uploads/2009/02/arouna.jpg?w=246&h=300)
Arouna
J’ai été accueilli par mon hôte Arouna Nacanabo, 59 ans, qui est adhérent à mon service de Conseil à l’Exploitation Agricole. J’ai donc pu vivre 5 jours au rythme du village. Mon réveil était rythmé par le son des femmes pilant le mil. Ma journée était rythmée par l’appel à la prière du muézin ou de mes coups de daba (bèche africaine) lors du binage de 25 planches de pomme de terre. Ma soirée était rythmée par le dialogue et les longs silences qui nous permettaient, à moi et Arouna, de contempler la nuit étoilée et digérer le flot énorme d’informations que l’on s’échangeait. Je crois en effet avoir répondu à autant de questions que j’ai pu en formuler de nouvelles.
J’ai cependant relevé ce qui, selon moi, est le plus grand bénéfice de la politique du séjour au village d’ISF : la création d’une attache émotionnelle. J’éprouve maintenant une profonde empathie envers Arouna et toute sa famille. Cette attache me permet entre autre de personnaliser l’impact de mes actions au bureau et donc de mieux formuler mes interventions. Je ne veux plus modifier des données statistiques sur un tableau excel, je veux améliorer la vie d’Arouna.
Merci Arouna!
Avec mon expérience, j’aurais plus humblement écrit: « je veux aider Arouna à améliorer … » parce qu’en bout de ligne comme c’est lui qui prend les décisions et qui agit , tout ce que tu peux faire c’est de tenter de l’influencer et de le supporter. En fait ton rôle n’est-il pas de « l’équiper » pour qu’il soit plus autonome dans la gestion de son exploitation? Par « équiper » je veux dire: former et informer.
Continue à découvrir la vie. C’est rafraichissant de te lire.