Introduction
Le paludisme est une maladie tropicale causée par un eucaryote unicellulaire parasitaire du système sanguin(genre Plasmodium). Ce parasite est transmis par la salive du moustique femelle -son hôte final- à l’homme -son hôte transitoire- lors d’une piqûre. Alors que le parasite se reproduit (échange de matériel génétique) dans le moustique, il se reproduit de façon clonale dans le corps humain.
Lors de son entrée dans le système sanguin humain, les juvéniles du
![malariacyclebig Cycle du paludisme](https://visiondumonde.wordpress.com/wp-content/uploads/2009/01/malariacyclebig.jpg?w=300&h=200)
Cycle du paludisme
Plasmodium se dirige vers le foie où il infecte les cellules hépatiques et commence leur cycle de maturation. Après 2 semaines, ces derniers lysent les cellules hépatiques et sont relâchés dans le sang. Ils infectent alors les globules rouges où le parasite commence la reproduction clonale. Lorsque le globule rouge est rempli à pleine capacité des clones, ce dernier explose en relâchant des Plasmodiums clonaux qui infecteront d’autres globules rouges. Cependant, la lyse des globules rouge relâche des antigènes qui sont détectés par le système immunitaire humain. Ce dernier débute une réponse immunitaire en réaction aux histamines augmentant la température corporelle pour combattre l’infection, ce qui résulte en une poussée de fièvre et avec l’inflammation du système sanguin, qui résulte en des douleurs articulaires et musculaires.
Les symptômes précurseurs d’une crise se rapprochent de la gêne causée par un rhume. Les symptômes de la crise de paludisme sont de la fièvre, des douleurs articulaires et musculaires, mal de tête, fatigue extrême et dans certains cas diarrhée.
Afin de prévenir les crises, il est possible de prendre des antibiotiques prophylaxis (i.e préventif). Trois produits sont disponibles : méfloquine (lariam), doxycycline et malarone. Puisque le Plasmodium est un eucaryote comme l’humain, il difficile de viser certains de ces gènes ou protéines spécifiquement. Le doxicycline, un antibiotique, détourne ce problème en bloquant une voie métabolique de l’apoplaste. L’apoplaste est un organite nécessaire à la reproduction clonale du parasite qui, comme le chloroplaste ou la mitochondrie, possède un baguage génétique propre. Ainsi, cet antibiotique inhibe la reproduction clonale du parasite et prévient donc les crises de paludisme.
Il n’est cependant pas clair que l’efficacité de la doxycycline soit complète. Ainsi, il est possible d’être infecté et de développer la maladie même si on suit le traitement préventif. De plus, puisqu’il s’agît d’un antibiotique systémique à large spectre, il a un effet négatif possible sur la flore bactérienne intestinale mais aussi cutanée. On cite notamment une augmentation des probabilités de vaginites (ça ne me touche pas mais c’est un exemple de l’effet secondaire sur la flore vaginale).
La présente étude a donc comme objectif d’étudier l’efficacité du doxycycline face à l’infection par le Plasmodium. Il y sera donc comparé deux cas de crise de paludisme sur le même individu, le premier, avec la prise de doxycycline durant les 30 derniers jours, la seconde après l’arrêt de la prise du médicament pour une période de 20 jours.
Méthode
L’étude se situe dans le secteur 9 de Ouahigouya, province du Yatenga, Burkina Faso. Le site est situé à proximité d’un bas fond qui est saisonnièrement inondé de juillet à mi-janvier. Les moustiques y sont donc nombreux et la probabilité d’inoculation du paludisme est donc élevée.
L’échantillon sera formé de moi, jeune homme caucasien de 1,75m, 79 kg. Mon niveau d’activité physique est relativement élevé avec 1,5 heure de sport par jour. Je dors sous un filet traité mais je n’ai cependant pas de protection dans le reste de ma demeure.
La première crise de paludisme a débuté le 4 décembre 2008 pendant la prise du prophylaxis. Je prenais donc une dose de 100 mg doxycycline à tous les matins au moment du déjeuner.
La seconde crise s’est produite le 3 janvier 2009. À ce moment, je ne prenais plus de doxycycline depuis 20 jours.
Je comparerai donc mon état de santé selon une échelle relative me donnant des repères connu sur mon état de santé.
Résultats
Dans la phase pré-crise, les jours -3 à 0, les symptômes sont les mêmes, diminution de la condition physique, il devient plus difficile de faire le jogging matinal.
À partir du moment de la crise, la prise de prophylaxis amoindri énormément la gravité de la crise avec des symptômes qui se maintiennent entre 8 et 6. De plus, il y a un regain d’énergie à chaque début de journée, ce qui mitige beaucoup la gravité de l’infection. Finalement, au moment de la prise de l’antipaludéin, la rémission s’effectue en une journée.
Dans le cas de la crise sans prophylaxis, la crise est foudroyante avec une dégradation importante de la condition physique en quelques heures. De plus, même avec la prise du médicament antipaludéen curatif rapidement, la condition augmente momentanément mais le pire moment de la crise a lieu durant la première nuit. Il faut ensuite deux jours supplémentaires pour augmenter significativement la condition physique. Cela prendra en tout 4 jours comparativement à un seul lors de la prise de doxycycline pour atteindre un niveau de condition physique normal.
![palu2 Figure 1 Évolution de la condition physique durant une crise de paludisme. La courbe en brun identifie la crise lors de la prise de doxycycline. La courbe en bleu illustre l’évolution de la crise sans la prise de prophylaxis.](https://visiondumonde.wordpress.com/wp-content/uploads/2009/01/palu2.jpg?w=500&h=322)
Figure 1 Évolution de la condition physique durant une crise de paludisme. La courbe en brun identifie la crise lors de la prise de doxycycline. La courbe en bleu illustre l’évolution de la crise sans la prise de prophylaxis.
L’échelle relative est la suivante :
10 |
Pleine forme. |
9 |
Légère fatigue |
8 |
bonne fatigue |
7 |
rhume |
6 |
grippe |
5 |
grippe avec fatigue musculaire |
4 |
grippe avec fièvre |
3 |
grippe avec fièvre et douleur musculaire |
2 |
infection sévère avec fièvre soutenue |
1 |
fièvre hémoragique |
0 |
… |
Discussion
La présente étude démontre que la prise de prophylaxis, même s’il n’annule pas totalement les probabilités de contracter le paludisme, permet du moins de mitiger de façon importante la gravité d’une crise.
Le sujet, c’est-à-dire moi, n’a pas souffert de façon importante de la première crise avant le 3e jour et le retour de la santé s’est fait en moins d’une journée. Il a ainsi pu faire de l’activité physique les deux premiers matin lorsqu’il prenait un prophylaxis.
La crise sans la prise de prophylaxis est beaucoup plus grave avec une diminution importante et rapide de la condition physique à un niveau de 4, soit des symptômes de grippes avec fièvre. De plus la forte poussée de fièvre s’est produite après le début du traitement, et je me suis retrouvé avec un engourdissement des mains et des pieds. J’avais cependant toute ma tête. J’ai donc été capable d’effectuer le traitement et l’analyse de données. Finalement, le temps de rémission est beaucoup plus long avec de légères rechutes.
Il est aussi intéressant de voir qu’il est possible de prévoir l’arrivée d’une crise. C’est ce qui s’est passé lors de la deuxième crise (celle sans prophylaxis) ou j’ai pu subir la même diminution de ma condition physique durant les jours précédents la crise. J’ai donc pu rapidement prendre le Co-Arinate. Je me suis cependant rendu compte que son effet est loin d’être instantané comme cela avait été le cas lors de la première crise.
Conclusion
J’ai donc décidé de recommencer à prendre le doxycycline. Dans un premier temps pour assurer que s’il reste encore des parasites dans mon sang, la rechute ne sera pas trop importante. Dans un second temps, pour prévenir de futures crises. Je vais cependant suivre les quelques effets secondaires que j’ai pu observer lorsque je prenais le prophylaxis soit un moins bon transit digestif et une perte de poids et voir si ces effets sont associés ou non avec la prise de doxycycline.
Depuis quand les chercheurs servent de cobayes?
Mon neveu a fait une crise de palu.
Il est au Sénégal et ne s’est pas prémuni. (les jeunes sont tous plus malins) de retour en France (en mars) peut-il refaire des crises ?
merci de votre réponse.
Bien amicalement.
Danièle